Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je suis historienne de formation. J’ai commencé par m’intéresser à l’histoire verrière des Vosges du Nord, en particulier les verreries de Wingen-sur-Moder, Meisenthal, Goetzenbruck et Saint-Louis, à travers l’histoire sociale et technique. Grâce à différents stages, en particulier au musée des Arts décoratifs de Paris, j’ai développé mon intérêt pour l’aspect artistique. Après mon doctorat sur la patrimonialisation de l’industrie du verre et du cristal en Europe, j’ai eu la chance de suivre le projet du musée Lalique. Et je dirige l’établissement depuis son ouverture en 2011.
Comment l’idée de créer un Musée Lalique est-elle née ?
Le projet de musée remonte à la fin des années 1990 et a été initié par les collectivités locales. Leur objectif : mettre en valeur un artiste d’exception, René Lalique – inventeur du bijou moderne et grand maître du verre Art Déco – mais aussi une industrie d’art toujours en activité : la manufacture Lalique.
Pourquoi avoir choisi ce lieu ?
Wingen-sur-Moder a été choisi pour accueillir le musée car c’est dans ce village que René Lalique a construit sa manufacture en 1921. C’est aujourd’hui l’unique lieu de production de cristal Lalique dans le monde. Le site du Hochberg où est implanté le musée, lui, est un ancien site verrier. Situé à l’entrée du village, il présente un cadre paysager agréable. Qui plus est, il permet de faire le lien avec la tradition verrière locale qui remonte à la fin du Moyen Age et qui explique en grande partie le choix de René Lalique de venir s’installer ici.

Heschung & Friends
Véronique Brumm X Heschung : rencontre
Installé dans l’ancien site verrier du Hochberg totalement revisité par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, le Musée Lalique nous a accueillis le temps d’une promenade estivale pour présenter notre collection printemps/été 2018. Un lieu magique où la modernité du bâtiment sert d’écrin aux créations de René Lalique et que nous présente Véronique Brumm, directrice du Musée.


Quelle est l’histoire de ce bâtiment ?
La verrerie du Hochberg a été en activité entre 1715 et 1868. On y fabriquait du verre utilitaire, la spécialité étant le verre plat. Après la fermeture, elle a eu différents usages et a même accueilli une ferme. Le site a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1996. Un concours d’architecture a été lancé en 2004 pour l’aménagement du musée Lalique. Le projet a été mené par l’architecte de renommée internationale, Jean-Michel Wilmotte. Le musée a été inauguré le 1er juillet 2011.
Comment avez-vous pensé le Musée ? Quels ont été les partis pris esthétiques lors de la constitution de la collection ?
Le projet de Jean-Michel Wilmotte a été choisi pour sa bonne intégration dans le paysage : toiture végétalisée, emploi de verre et de pierre verte… La scénographie, elle, se veut résolument moderne et l’idée était qu’elle s’efface pour laisser parler les œuvres tout en donnant des informations sur le contexte artistique, historique, technique, social… qui les a vues naître.
Pour ce qui est de la collection, sa présentation est à la fois chronologique et thématique : des bijoux de René Lalique au cristal actuel, en passant par les flacons de parfum, les arts de la table, les objets décoratifs. Dans l’espace Lalique, poète du verre, l’objectif est de présenter la diversité des sources d’inspiration : l’Art nouveau et l’Art Déco bien sûr, mais aussi l’influence du japonisme, de l’art africain, de l’art précolombien…

Une pièce/un objet de la collection que vous affectionnez particulièrement ?
C’est difficile de choisir une œuvre alors que le musée en présente plus de 650 et que nous en avons à peu près autant dans les réserves… Mais j’aime tout particulièrement l’ornement de corsage Jasmin, créé vers 1899-1901. Je le trouve d’une grande délicatesse. Il est également très représentatif du travail de René Lalique, surnommé l’inventeur du bijou moderne. Il associe en effet diamants, émail et verre. D’une certaine façon, il est déjà annonciateur de la carrière de verrier de Lalique.
Que pensez-vous de la marque Heschung ?
J’associe Heschung au luxe. Avec ses lignes sobres et épurées, son style est intemporel. Il est également pour moi synonyme d’élégance.
J’aime aussi l’idée que les savoir-faire se perpétuent en Alsace, au sein d’une entreprise familiale.

Pourquoi avez-vous choisi d’accueillir la marque ?
Si j’ai été surprise qu’Heschung nous contacte pour ce shooting, j’ai tout de suite été enthousiaste ! Je vois de nombreux points communs avec Lalique : les savoir-faire, le fait qu’il s’agisse d’une entreprise familiale (même si ce n’est plus le cas aujourd’hui pour Lalique, ça l’a longtemps été) et bien sûr l’élégance et le luxe.
Lorsque j’ai découvert les photos, j’ai vraiment été ravie du résultat. J’ai eu l’impression de redécouvrir le musée grâce à l’œil artistique du photographe…Quels sont vos projets en cours, à venir ?
Les prochains événements à retenir sont notre exposition L’art de la main – exposition de photos de Frantisek Zvardon sur les savoir-faire – à compter du 17 mars et les Journées des Métiers d’Art les 7-8 avril. Pendant ce week-end, des personnes de la manufacture proposeront des démonstrations au musée. Une belle occasion de découvrir de multiples facettes du travail du verre.
Un peu plus tard, du 26 avril au 5 novembre, nous organisons l’exposition Prisme qui mettra en valeur la rencontre de Lalique avec des artistes du XXe siècle et des artistes contemporains, parmi lesquels Yves Klein, Zaha Hadid ou encore Damien Hirst.